Antonio Vivaldi - Juditha triomphans
Antonio Vivaldi - Juditha triomphans
Le titre exact de l’oratorio est Judith triomphant des barbaries d’Holopherne, oratorio militaire sacré, écrit en temps de guerre, exécuté par le choeur des Vierges dans le Temple de la Pietà.
Commandée par les autorités de la République de Venise, l'œuvre a été composée et représentée en novembre 1716 à l'Ospedale della Pietà pour célébrer la victoire du chef des armées vénitiennes, le maréchal Matthias von Schulenburg, sur les Turcs à Corfou en juillet 1716.
L'histoire de Judith et sa victoire contre l'envahisseur Holopherne était une allégorie de Venise vaincue et envahie par les Turcs. Le général vainqueur, von der Schulenburg, était présent à la représentation.
L’histoire légendaire de Judith est très ancienne. On ne possède pas la version originale du Livre de Judith mais uniquement une version ultérieure datant du deuxième siècle. Le récit est repris également dans la bible.
Le roi des Assyriens Nabuchodonosor (VIème siècle avant J.C.) souhaite soumettre les peuplades de nombreuses contrées du Moyen-Orient. Préparant une expédition contre le roi des Médes, il demande l’aide des habitants de la région. Une fois la victoire assurée, il veut se venger concert ceux qui ne l’on pas assisté.
Son général Holopherne qui gouverne un campement près de la ville de Béthulie est chargé de bloquer la source qui alimente cette bourgade en guise de réprimande.
C’est alors qu’intervient Judith.
Riche veuve de Manassé, son époux décédé, vivant dans la chasteté, la pauvreté et la prière, Judith sort de sa réserve pour aller trouver Holopherne et se propose de sauver sa ville et le Israélites du joug auquel les expose le tyran.
Elle se pare de ses plus beaux atours et de présents et va à la rencontre d’Holopherne.
Durant la nuit, elle décapite Holopherne. De retour à Béthulie elle est acclamé !
Cet oratorio constitue le chef d’oeuvre de Vivaldi pour l’Ospedale della Pietà cette célèbre institution de Venise dont la mission était de porter secours aux filles illégitimes abandonnées en leur assurant une éducation générale ainsi qu’une éducation et musicale de haut niveau.
Dès l’âge de 10 ans, certaines d’entre elles étaient sélectionnées par le gouverneur et le maître de chapelle pour faire partie du chœur comme chanteuse ou comme musicienne. Dès lors, elles recevaient un enseignement musical spécifique : lecture, formation de l’oreille, plain-chant et chant figuré. Elles apprenaient à jouer au moins deux instruments de musique, en fonction des besoins.
Cette institution jouissait d’une grande réputation en Europe et recevait fréquemment des visiteurs de renom. Le Pape Pie IV, J. J. Rousseau ou le célèbre Charles Burney sont venus en personne écouter les jeunes filles qui jouaient et chantaient. Tous ont été envoutés par la qualité des prestations.
Le rôle des jeunes filles du chœur était d’accompagner, chaque soir, les Litanies à la Vierge et les prières commandées par les fidèles ; elles accompagnaient les Messes et les Vêpres tous les dimanches, ainsi que pour les fêtes obligatoires. Les filles de l’hospice étaient sollicitées à tout moment : à l’occasion des fêtes, sacrées et civiles, dans les églises et les couvents, mais aussi dans les palais et les académies, ainsi que dans les villas des nobles, à la campagne. Les chanteuses et les musiciennes percevaient une part des bénéfices réalisés sur la location des chaises dans l’église, lors des concerts d’oratorios par exemple.
Les femmes de l’ensemble vocal de la Pietà chantaient les parties écrites pour ténor et pour basses, en transposant sans doute leurs parties dans leurs propres registres. D'après les archives, trois chanteuses, Paulina, Vittoria et Antonia, chantaient ainsi avec l’appellation “dal Tenor“.
L’oratorio Juditha Triomphans constitue le point d’orgue de notre exploration du répertoire de Vivaldi pour cette institution.
Sources : Sylvie Mamy, Antonio Vivaldi, Fayard
Fiche technique
5 solistes
Ensemble vocal féminin
- 15 chanteuses
Ensemble Fratres
- 19 musiciens
Franck Marcon, clavecin et direction.
Renseignements : polhymnia@gmail.com